Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe

C’est dans un contexte mondial de plus en plus préoccupant, que la communauté internationale alerte, en ce jeudi, 13 octobre, sur les risques de catastrophe, à l’occasion de la journée internationale qui leur est dédiée.

Alertes précoces et actions rapides - Œuvrons ensemble pour des systèmes fiables d’alerte précoce

Malak CHALBI

Cette journée, est le rendez-vous consacré au développement de la culture de la résilience et de gestion des risques. Son but est de « promouvoir une culture mondiale de la prévention des catastrophes naturelles » (Assemblée Générale des Nations unies). 

D’abord, un peu de contexte. En raison des préjudices, toujours croissants, provoqués par les désastres et les catastrophes naturelles, l'Assemblée Générale des Nations unies a décidé, en 1989, de proclamer, chaque deuxième mercredi d'octobre, Journée internationale de la prévention des risques de catastrophe. Ce choix a été défini pendant la Décennie internationale pour la prévention des risques de catastrophes naturelles (1990-1999). Ce n’est qu’à partir de 2009 que cette journée commença à être célébrée le 13 octobre. 

Le cadre d'action de Séndaï (2015 – 2030) du bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR anciennement UNISDR), constitue actuellement la feuille de route mondiale pour la réduction des risques de catastrophe. Il vise à réduire les risques existants et à éviter d’en avoir de nouveaux. Chaque année, les projecteurs sont braqués sur l'une des sept cibles du cadre de Séndaï. L’édition 2022 de cette journée se focalise sur la cible G : « Accroître sensiblement la disponibilité et l'accessibilité des Systèmes d'Alerte Précoce Multirisques et des informations et évaluations sur les risques de catastrophe pour les populations d'ici 2030 ».

Allons voir la situation du côté de l’Afrique. Les communautés africaines sont disproportionnellement vulnérables aux catastrophes en raison, entre autres, de la croissance démographique et de l’urbanisation. Le changement climatique accentue considérablement cette vulnérabilité ainsi que les risques de catastrophe d’origine climatique (sécheresses, canicules, tempêtes, inondations, etc.). Depuis 2010, le nombre de catastrophes naturelles a enregistré une forte augmentation avec près de 70 % observées entre 2017 et 2021. Les inondations sont l’évènement le plus fréquent, constituant 33 % de toutes les catastrophes signalées. Les estimations montrent que plus de 118 millions d’africains vivant dans l’extrême pauvreté seront confrontés, d’ici 2030, à divers phénomènes climatiques extrêmes. 

Ces conditions ont des impacts assez inquiétants, notamment en termes de sécurité alimentaire. En effet, les efforts d'éradication de la faim, de la pauvreté et d’application du développement durable sont déjoués avec une forte incidence des catastrophes sur l’agriculture. Par ailleurs, les catastrophes naturelles sont, pour beaucoup, à l’origine des déplacements et des mouvements des populations. Selon les Nations unies, en 2017, le monde a vécu le déplacement de près de 280 millions de migrants internationaux dont environ 171 millions fuyant leurs terres suite à des catastrophes naturelles. A titre d’exemple, au Niger, environ 540 000 personnes se sont déplacées au niveau national en 2012. En 2021, le chiffre de ces déplacés avoisinait les 118 000. Si rien n’est entrepris pour inverser la tendance, le nombre de personnes forcées de fuir à cause du changement climatique pourrait atteindre le milliard à la fin du siècle. 

Même s’il s’avère impossible de conjurer de tels phénomènes, il est possible de réduire la vulnérabilité des populations et de limiter les conséquences de ces catastrophes.

L’Observatoire du Sahara et du Sahel, fidèle à sa mission et fortement impliqué dans le renforcement de la résilience aux effets du changement climatique, œuvre pour la mise en place et l’opérationnalisation de différents systèmes d’alerte précoce.  En effet, il avait mis en place, en 2010, le prototype du système d’alerte précoce à la sécheresse au niveau du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie). Ce système a été défini comme un système de collecte, d’analyse et de synthèse de données sur les paramètres et indicateurs climatiques et agroéconomiques dans l’objectif de donner un avis, en temps opportun, sur la menace de périodes de sécheresse, et donc, de stimuler les réponses appropriées. 

Ne s’arrêtant pas à l’Afrique du Nord et se conformant au cadre de Séndaï, l’OSS, a étendu son expérience aux sous-régions de l’Afrique. En Afrique de l’Ouest et plus précisément au niveau du complexe W-Arly-Pendjari (WAP), notre organisation est en phase de mettre au point un système d’alerte précoce multirisques relatif notamment aux sécheresses, aux inondations et aux feux de végétation. L’opérationnalisation de ce système permettra, entre autres, de répondre aux situations d’urgence, en permettant aux utilisateurs et aux parties prenantes de conduire des plans d’intervention, de prendre des décisions éclairées et ainsi, de mieux se préparer contre les multiples risques de catastrophe menaçant les écosystèmes et les populations riveraines du complexe.

Une expérience similaire est en cours de concrétisation en Afrique de l’Est. Elle consiste à contribuer à l’accroissement de la résilience des petits exploitants agricoles et des éleveurs face aux risques liés au changement climatique, en particulier, ceux liés à la sécheresse, grâce à la mise en place de systèmes d'alerte précoce appropriés et à la mise en œuvre d'actions d'adaptation à la sécheresse.

Cette journée internationale est l’évènement adéquat pour appeler à la mise en place de systèmes d’alerte précoce aux niveaux national et régional afin d’encourager une approche en réseau de la gestion des risques de catastrophe et de renforcer la résilience climatique du continent africain. 

Malak CHALBI
Ingénieur agronome, Master en Gestion des Ecosystèmes Naturels,
Observatoire du Sahara et Sahel

Alertes précoces et actions rapides - Œuvrons ensemble pour des systèmes fiables d’alerte précoce