Journée internationale de la diversité biologique | De l’accord à l’action : reconstruire la biodiversité

Journée internationale de la diversité biologique | De l’accord à l’action : reconstruire la biodiversité

Kaouther Emmanuel

 

 


Mme Kaouther Hamrouni
Experte en Biodiversité
Département Terre
Observatoire du Sahara et du Sahel

M. Emmanuel SAWADOGO
Master en Biodiversité Animale et Ecosystèmes Tropicaux
Observatoire du Sahara et du Sahel

Le dérèglement climatique actuel et son corollaire de catastrophes naturelles sont en partie consécutifs à la perte de biodiversité. A l’ouverture de la 15e Conférence des Parties (CoP15) de la Convention sur la Diversité Biologique Kunming-Montréal, au Canada en décembre 2022, le Secrétaire Général de l’ONU avait déclaré : « Aujourd’hui, un tiers de toutes les terres sont dégradées, ce qui rend plus difficile de nourrir des populations croissantes ». 

L’effondrement de la biodiversité résulte des comportements insouciants, parfois délictueux de l’homme, qui court ainsi à sa propre perte. En effet, l’activité humaine dégrade des forêts, des terres agricoles, des rivières, des lacs et des océans, autrefois en parfaite santé et cela par l’exploitation anarchique des ressources naturelles. En conséquence, une multitude d’espèces de plantes, de mammifères, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens, de poissons et d’invertébrés sont en voie de disparition. Selon le rapport de l’IPBES (2019), un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction suite à la disparition de leurs habitats naturels. Il est alors nécessaire de prendre des mesures idoines afin de préserver la biodiversité pour la survie de l’humanité. Nous, générations actuelles, avons la lourde responsabilité de relever ce défi environnemental sans précédent et de corriger l’injustice que nous avons nous-même créée.

Plusieurs accords sur la diversité biologique ont été signés avec des mesures conséquentes qui les accompagnent. Toutefois, il est indubitable que ces mesures ne sont pas suffisamment contraignantes et ne permettent pas de lever des financements à la taille des défis sur le terrain. Aucun objectif mondial en matière de biodiversité n’a été atteint (PNUD, 2022).

Le cadre historique de Kunming-Montréal, adopté à la fin de la CoP15, est un appel mondial visant à restaurer et à protéger la biodiversité à travers 23 objectifs globaux. Parmi ces objectifs, l’initiative « 30X30 » a été adoptée pour désigner et ainsi protéger au moins 30% des écosystèmes terrestres et marins dans le monde d'ici à 2030.
De l’accord à l’action signifie que nos discours et décisions devront désormais s’accompagner de faits et de financements à la hauteur des ambitions, afin de contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable. Les solutions basées sur la nature sont encore largement sous-financées (PNUE, 2022). Des actions concrètes à la hauteur des enjeux climatiques, des risques d’extinction spécifiques et de l’ampleur de la dégradation des terres sont attendues pour une restauration significative des écosystèmes terrestres et aquatiques. Les décideurs à l’échelle mondiale sont interpellés sur le rôle qui est le leur de prendre des mesures conséquentes pour la survie de l’humanité et la protection de la terre.

L’Afrique, qui contribue dans une moindre mesure à ce changement climatique, en subit considérablement les conséquences. Il est grand temps d’accompagner concrètement les initiatives africaines de restauration des écosystèmes afin d’améliorer leur capacité d’absorption du gaz carbonique et, par ricochet, réduire le rythme de réchauffement de la planète.

L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), de par son mandat et son expérience dans la gestion concertée et durable des ressources naturelles en Afrique, accompagne et met en œuvre plusieurs projets sous-régionaux et nationaux afin de conserver la diversité biologique. Dans le cadre de sa stratégie 2030, l’OSS s’est engagé à mettre à disposition de ses pays partenaires des connaissances et des méthodes d’évaluation de la biodiversité et des services écosystémiques adaptés. Cette évaluation permet une meilleure valorisation, ainsi que des actions de suivi de la flore et de la faune et s’inscrit dans la Vision 2050 de la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique « Vivre en harmonie avec la nature ». A travers cet objectif, l’OSS contribue, de manière indirecte à renforcer la production alimentaire, à améliorer les services écosystémiques et, par conséquent, à limiter les migrations des populations. Dans ce sens, l'initiative AfrikENCA, lancée par l’OSS en collaboration avec les différents partenaires du projet Copernicea devrait, à terme, doter les pays d’un dispositif opérationnel propre et autonome de Comptabilité Ecosystémique du Capital Naturel (CECN). Accrédité comme Agence Régionale de Mise en Œuvre  par le Fonds d’Adaptation et le Fonds Vert pour le Climat, l’OSS constitue un canal et un moyen important pour la conservation de la diversité biologique en Afrique.

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